Message du Professeur Zolmirel (suite)
Amoni franchit l’entrée de la jolie maison. Une sorte de véranda agrémentée de plantes superbes laissait planer un parfum léger des plus agréables. Je contemplais des plantes vertes aux coloris pimpants, avisant plusieurs bacs avec des arbustes fleuris d’un œil rêveur.
Puis, nous sommes entrés dans ce qui ressemblait à l’intérieur d’un ancien moulin. L’édifice, restauré de manière parfaite, arborait des murs blancs, avec de nombreux cadres colorés, représentant des enfants Kolals, des paysages crépusculaires formés de vastes montagnes.
Amoni nous mena vers l’entrée de la cuisine qui semblait être habitée d’une certaine animation. Affairée à ses fourneaux, une haute Kolal au visage nerveux surveillait la cuisson de plusieurs mets prometteurs
Elle nous aperçut, et se précipita vers Amoni pour l’embrasser.
- Vous voilà ! lança-t-elle. Il me semble que tu as un peu maigri depuis la dernière fois, dit-elle avec affection. Tu travailles trop.
- Voici ma mère Ornila, la présenta-t-il d’un air radieux. Mon père Linbel est encore aux plantations.
J’avais déjà brièvement rencontré les parents d’Amoni, mais passer un peu de temps parmi eux me comblait de bonheur.
Ornila nous fit bon accueil, tout à fait ravie de nous voir réunis. Amoni nous présenta tous à sa mère, qui semblait d’un naturel très avenant.
Affairée en cuisine, Ornila s’excusa et pria Asfonki de nous mener vers nos chambres. Chacun de nous comprit très bien et monta à l’étage
Nous avons parcouru un long couloir, aboutissant à l’aile réservée aux invités. Deux très belles chambres furent mises à notre disposition. La nôtre était bleu vert, et blanche, celle de Minel et Amoni ocre jaune.
C’était un lieu charmant, les murs, agrémentés de niches et de statuettes semblaient peints à la chaux. Le sol en beau dallage brillant comportait des tapis moelleux. Au dessus du lit imposant, trônait un tableau vert pâle superbe avec des représentations des génies des cascades qui veillaient la montagne. D’autres toiles colorées révélaient des formules de prière et de bienvenue dans toutes les langues possibles.
Chacun de nous déposa ses effets et alla se rafraîchir. L’heure du soir approchait, et la température avait commencé à diminuer. C’était la saison des récoltes en cette province.
Tout était automatisé, mais cela nécessitait néanmoins une parfaite logistique. Les vaisseaux de récolte agricole étaient conçus pour planer au ras des cultures tout en coupant uniquement les épis de céréales, ceci afin de ne pas troubler les petits animaux. Ensuite, peu avant l’hiver, les tiges sèches des plantes étaient coupées. Les zones racinaires étaient laissées en place, afin d’amender le sol.
De nombreux vergers ceinturaient les zones céréalières, avec des haies, pour que les oiseaux puissent s’y installer. J’aperçus par la fenêtre de petits vaisseaux qui flottaient au dessus des parcelles de légumes. Un alien pilotait à allure réduite, tandis que l’autre cueillait les légumes en faisant agir son fluide. C’était une organisation efficace. Il en résulta de hautes piles de légumes de plus de deux mètres, visibles dans des containers. Ils furent déposés à bord d’un autre vaisseau réfrigéré.
- C’est un vaisseau de Nostra, fis-je remarquer à Zilmis.
- Oui, en effet, dit-il avec un sourire.
Nous avons pris un peu de repos, puis avons enfilé nos habits de fête. J’étais vêtu de pourpre et de blanc, et Zilmis de vert bouteille, ce qui m’amusa grandement. Nous avions pour habitude d’échanger nos couleurs respectives.
Un peu plus tard, en habit de fête brodé, blanc et bleu pâle, Amoni frappa à notre porte.
- Tout est prêt et nous sommes attendus, exposa-t-il en souriant.
- On dirait de la confiture de roses, fit observer Zilmis en sentant une odeur alléchante qui montait à mesure que nous nous dirigions vers l’escalier.
- Je pense bien, ma mère adore cuisiner, lança-t-il d’un air ravi.
Nous sommes descendus dans le séjour. Plusieurs Kolals de haute taille étaient assis et riaient allègrement. Ils portaient tous de superbes habits brodés de motifs végétaux ou floraux. Je reconnus aussitôt le père d’Amoni, poli et discret.
- Nous sommes très heureux de vous accueillir, assura-t-il d’un air aimable. En ce moment, mes parents récoltent les champs et nous les y aidons. D’ordinaire, je me contente de soigner des pathologies psychiques, fit-il humblement.
Il nous présenta les grands-parents d’Amoni, deux aliens au visage doux qui avaient l’air de très bonne conversation. Ils semblaient d’âge absolument identique à leurs enfants, car les Kolals vivaient extrêmement vieux. Il n’était nul signe de l’âge, à part une profonde sagesse qui se lisait en leurs regards. La ressemblance entre Amoni, son père et son grand-père, Estarel était frappante. Sa grand-mère, Selani avait un visage presque angélique aux yeux rieurs. On sentait une franche harmonie baigner cette famille.
Chacun de nous fut invité à prendre place, et nos hôtes passèrent en cuisine, revenant chacun avec un plat qui embaumait.
De grande taille, les Kolals semblaient avoir plutôt faim après leurs travaux champêtres. Une profusion de mets aux senteurs épicées fut disposée sur la table. Zilmis et moi-même nous sommes régalés d’une salade de mousse agrémentée de courges et d’herbes sauvages. Puis, nous avons pris une part de tarte aux légumes, de la gelée de tubercules, et une sorte de légume farci aux épices. Tout cela était délicieux. Les nôtres, habitués à manger peu, avons pris des portions minuscules. Nos hôtes prévenants le comprirent très bien. Les conversations allèrent bon train, chacun heureux de découvrir autrui.
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Texte partagé par Les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre
