Message du Professeur Zolmirel (suite et fin)
Limmel était très différente des nôtres. Elle avait grandi en un milieu provincial des plus rudes. Apercevant un polisseur à parquet, avec toutes sortes d’appareils ménagers, elle s’en étonna.
- Quel est donc l’esprit qui fait tourner les roues de ces machines ? s’enquit-elle.
- C’est l’énergie, l’électricité. Ces appareils sont indispensables pour nettoyer cette maison, expliqua Zilmis. Sinon, cela serait bien plus difficile, bien plus long.
Chacun de nous descendit. Nous avons rejoint notre séjour accueillant dans la demeure d’Amoni, une Erazel prévenante avait veillé à maintenir les plats au chaud.
- Installez-vous donc ! lança-t-elle. Voici là un repas de fête !
Chacun de nous fit honneur aux plats. Notre séjour en altitude avait creusé notre appétit. Limmel, malgré sa petite taille, se resservit plusieurs fois. Chacun comprit qu’elle n’avait pas mangé à sa faim depuis bien longtemps. C’était une chose inacceptable pour notre province, où la répartition des aliments primait sur tout le reste.
Limmel participa peu à la conversation. Cela était normal, bien sûr. Elle était plongée en un tout nouveau décor. Je vis à son regard, combien elle appréciait la décoration florale qu’Amoni avait disposé en frises sous les moulures des plafonds.
La nuit en vint à tomber, notre table chaleureuse commença à attirer de grands papillons de nuit près des vitrages. Erazel agita les mains, et tous les volets se fermèrent d’un coup avec une belle harmonie, puis les rideaux se tirèrent, pour produire une ambiance feutrée.
- Faites-vous cela tout le temps ? s’étonna Limmel.
- Oh oui ! assura Erazel en riant.
Elle agita les mains et les ustensiles posés sur la table s’animèrent. Poivrières et flacons d’épices commencèrent à entamer un petit ballet. C’était une des spécialités d’Erazel.
Émerveillée, Limmel éclata de rire, c’était la première fois. Nous avons ri à notre tour, chacun s’essuyant les yeux.
- Vous êtes si amusants ! lança-t-elle. À côté de vous, mes parents sont si sérieux. Je ne sais pas comment j’ai fait pour mener une vie religieuse aussi aride tout ce temps.
- Nous avons du respect pour la foi, bien sûr, lança Amoni. Mais nous laissons aussi les bons moments venir à nous. Nous parvenons à toujours nous émerveiller des petites joies de chaque instant.
- Il fallait toujours travailler, exposa Limmel. Cela se faisait dans une ambiance pesante, d’efforts, d’obligations.
- Le travail, lorsqu’il est joyeux, paraît ne durer qu’un instant, philosopha Erazel. En notre province, nous savons doser nos efforts. Nous avons appris aussi qu’un travail de qualité est possible durant un certain laps de temps. Prochainement, des experts en stabilisation d’édifices viendront restaurer votre demeure. Cela permettra d’enlever tous les étais et les seaux. Nous pourrons ainsi circuler un peu mieux. Vous verrez ce qu’ils peuvent accomplir en plusieurs heures. Ensuite, ils doivent se reposer. Il en est ainsi si l’on veut le meilleur résultat. Les experts en agencement de la matière agissent toujours de la sorte.
- Vous voulez dire, les experts en stabilisation des mondes ? s’enquit Limmel. Ceux qui sont mentionnés dans les écrits hérétiques ?
- De tels experts existent, mais ils font partie d’autres peuples, mon enfant. En effet, leur don s’est porté à un si haut niveau de conscience, que son jaillissement peut guérir une planète toute entière et la stabiliser sur son orbite. Des consciences, des êtres si vastes existent. Il y a aussi nos amis les êtres de lumière. Orel et Dorian reviendront nous visiter.
Limmel parut suspendue à son récit. Sa curiosité envers les êtres de lumière semblait bien grande.
Cela attendrait, car notre fatigue était importante. La journée avait été longue. Ranger les plats, laver la vaisselle, et l’essuyer ne prit guère de temps à Erazel. Nous voyant tous si fatigués, elle nous embrassa et s’éclipsa.
D’un pas mal assuré, je gagnais la demeure que nous occuperions avec Limmel, Zilmis et moi. Dans la pénombre, elle n’était guère accueillante. Une odeur de moisi emplissait les lieux.
Je montais à l’étage vers notre salle de bains, puis gagnais notre chambre, heureusement propre. Le parquet avait été nettoyé de manière parfaite. Les murs, quoique défraîchis, avaient été lessivés. Ils recevraient bientôt un nouvel enduit, avec des photos. Mes images de plantes favorites orneraient bientôt les murs, avec les clichés de nos familles et de planètes, si chers à Zilmis.
Pour l’instant, tout nous semblait un peu vide, ce ne serait que pour un temps. Ma joie était bien grande en songeant à Limmel, enfin libérée de sa vie de servitude.
Les parents de Zilmis avaient finalement accepté de voir leur dernière fille les quitter.
Elle était encore plus attachante que je ne pouvais l’escompter. Il y avait une candeur, une richesse bouleversante dans sa manière de voir le monde.
Très bientôt, de nouvelles choses heureuses adviendraient.
Le sommeil commença à m’habiter, et je perçus bientôt une image amusante.
Les oncles de Zilmis étaient occupés à frotter avec énergie le sol d’un vieux vaisseau aux cuisines graisseuses. Après avoir astiqué le four, Gersek retirait les dernières traces de doigts d’une vitre.
Se pouvait-il qu’il devienne encore plus soigneux qu’Amoni ? Tout pouvait arriver…
Je réprimais un rire et m’endormis.
Je vous salue bien amicalement, chers amis de la Terre bleue. Nous sommes heureux de cette communion brillante avec les vôtres. Nos deux mondes étaient unis autrefois. Il nous plaît de revenir en vos mémoires, nous avons pour vous la même estime que pour des frères.
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Texte partagé par Les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre