Message d’Ulphéniel (suite)

Nous nous approchons du fond du bâtiment. Le navire rouge est inspecté par des experts, il s’agit de Vénusiens, avec quelques aliens au visage paisible. Ils retirent les parements qui recouvre le navire. En dessous, on voit un inextricable assemblage de câbles électriques et de conduites noires autour d’un dispositif central. Celui-ci est surmonté d’une sphère enchassée étroitement, qui pourrait être en cristal, et qui reflète tous les éclairages alentours. Sous le navire, existe un solénoïde hémisphérique invisible, intégré à une matrice proche de la ferrite, mais bien plus dure.

Les experts contrôlent la continuité du circuit antigravité sur un écran. Cela pourrait faire penser à une résistance de fer à repasser hémisphérique. La forme qui y ressemble le plus est le dessin formé par le champ magnétique d’un aimant.

Le champ doit être le plus dense et le plus stable possible, explique Ulphéniel. Sur ce type d’engin, il sert également à alimenter les déflecteurs atmosphériques. Nous sommes très soucieux de la protection des animaux qui volent.

Les techniciens ont découvert différents câbles corrodés et un peu de sable qui a obstrué le circuit de ventilation du petit esquif.

  • Ce navire s’est désactivé de lui-même pour ne pas affecter les passagers, explique un technicien. Lorsqu’il en est ainsi, il émet un signal spécifique. Aussitôt, un vaisseau plus grand est envoyé pour aller chercher le navire à réparer et amener les passagers à bon port.

C’est une organisation très impressionnante, et j’en suis toute émue. Autour de nous, de multiples rampes de maintenance sont visibles, avec les vaisseaux à réparer qui avancent, comme pour une chaîne de montage classique. Des robots polissent, nettoient, ou vernissent les coques un peu ternies. Ce type de vaisseau semble réparable à l’infini. Ceux qui possèdent des parements trop usagés sont équipés de parements neufs.

Les techniciens semblent remplacer les composants avec une rapidité assez impressionnante.

Cela est plus rapide de retirer les pièces endommagées et de les remplacer, explique Ulphéniel. Il existe une dizaine de pièces courantes que les techniciens peuvent extraire en quelques minutes. Pour une réparation plus délicate, le vaisseau doit rester ici quelques jours.

Le circuit parcourt tout le centre de maintenance, il forme comme un carrousel. Chaque vaisseau possède le détail des réparations à effectuer ici, dit-il en montrant une sorte d’écran sensible, telle une ardoise magnétique posée sur le siège passager. Les techniciens de l’inspection indiquent tout ce qui ne va pas, et ce qu’il faut faire. Ensuite, d’autres techniciens vont réparer les petits transports et les tester.

Je suis émerveillée en constatant en effet, que des techniciens agissent par l’esprit pour remplacer un grand nombre de pièces détachées sur des petits esquifs. Cela fait comme une sorte de ballet gracieux. On entend très peu de bruit, à part des rires, des tintements métalliques légers, et une musique joyeuse qui résonne en arrière-plan, donnant du cœur à l’ouvrage.

Par endroits, des experts déposent les pièces usagées dans de grands bacs flottants. Ceux-ci s’envolent directement vers la destination souhaitée, qu’il s’agisse des bacs de recyclage ou des salles de « hautes réparations ».

En ces salles, l’ambiance est bien plus concentrée. Il existe bien plus d’enfants et d’aliens aux doigts minuscules. De jeunes Vénusiens et des petits aliens assis face à des tables imposantes réparent des rouages délicats, qui font penser à des mécanismes d’horlogerie. Ils sont encadrés par des adultes. D’autres s’occupent des câblages défectueux. L’ambiance est très paisible, chacun semble trouver beaucoup de plaisir à ce qu’il fait. Les enfants s’entraident et discutent entre eux.

Un atelier semblable est composé d’adultes dans une pièce similaire. Cette fois, ils réparent des pièces bien plus grandes, directement par l’esprit, ou au moyen de pinces, d’outils minuscules. La plupart des pièces ont simplement besoin d’être nettoyées, désassemblées, polies, et remontées. D’autres pièces nécessitent de patients travaux de soudure.

Cela se fait de manière très différente de la nôtre. Une sorte de creuset situé à l’écart derrière des panneaux, abrite du métal liquide chauffé au rouge. Les experts disposent les pièces à consolider derrière un vitrage et prélèvent juste ce qu’il faut de pâte de métal, directement par l’esprit, puis l’étalent de manière parfaite. C’est un travail presque amusant, et sans danger, pour reconstituer des pièces métalliques impressionnantes.

Ce sont de très grandes pièces, explique Ulphéniel, en montrant le piston immense d’une chaufferie, de trois mètres de long, que des experts en forge disposent avec grâce. L’action de l’esprit est indispensable pour obtenir l’usinage exact souhaité

Il existe également des experts pour redresser précisément le métal et consolider sa structure cristalline. Nous utilisons beaucoup d’acier enrichi en carbone et en silicium. Les experts modifient la structure micro-cristalline de cet alliage pour le rendre apte à l’espace.

A côté de cela, nous passons près d’une autre salle très particulière, que des robots aspirateurs maniaques nettoient en profondeur.

C’est la salle de ce que vous nommez riblons, explique Ulphéniel. Les robots trient le métal. Celui qui a été modifié au niveau de sa structure cristalline doit passer dans un four ultra pour être décomposé et réutilisé. Nous réutilisons absolument tout. Le métal stellaire n’est pas homologué pour la circulation planétaire. Il faut un composé plus simple. Une fois décomposé, l’acier carbone stellaire sert à fabriquer de petits transports, des vases, des tuyaux, des appareils qui ont besoin de moins de solidité.

Nous arrivons en un autre atelier. Cette fois, les larmes me viennent aux yeux, car tout ce qui a lieu ici est prodigieux. L’endroit est chaleureux, décoré avec goût de nombreuses plantes sur des étagères. Il y fait un peu plus clair que dans les autres lieux de maintenance, en grande partie dans la pénombre.

Des Vénusiens plus âgés sont assis face à des tables, ou debout, occupés à réparer des appareils ménagers. Sauf que chacun d’entre eux ressemble à des œuvres d’art. On a pris le soin le plus extrême pour les faire ressembler à de la pierre ou du bois ciselé magnifiquement, ou peint de décors floraux enchanteurs.

Nous passons parmi les techniciens et ils ne semblent pas nous voir, tellement ils sont absorbés par leurs créations. Certains murmurent d’un air enthousiaste.

Je contemple ce qui ressemble à une cuisinière, dont les parois semblent être en dentelle de bois. Tous les appareils sont d’une propreté impressionnante. Une sorte de vernis émaillé les recouvre entièrement. Les décors délicats sont comme surmontés d’une couche vitreuse qui les protège, rendant l’entretien aisé.

Ce sont des commandes particulières, explique Ulphéniel. Chaque habitant choisit la forme du décor et le coloris. Comme pour les transports à répulsion, les pièces internes sont les mêmes pour tous les appareils. Seule leur dimension change, suivant la taille de la famille. Nous pouvons fabriquer une infinité de décors. La plupart d’entre nous mangent fort peu, et uniquement des végétaux. Nous passons bien plus de temps à nous réunir pour discuter qu’à préparer les repas, dit-il joyeusement. Il est important que l’intérieur de chaque maison soit le plus accueillant possible.

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Texte partagé par les Les Nouvelles Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre