La métamorphose. Le chat .Trois petites filles jouent dans la cour de la maison de vacances.
Non loin d’elles, sur la pelouse, un majestueux noyer les regarde évoluer.
L’arbre et elles se retrouvent à chaque loisir.
IL est leur confident lorsqu’elles viennent s’asseoir à son pied.
Les fillettes ne savent pas qu’il écoute à la fois, leurs rires et leurs peines.
Le silence l’entoure !
C’est l’été, les villégiatures s’annoncent joyeuses.
Tous les jours, leur mission matinale est de choisir un jeu.
Celui du soleil, de la marchande, de la marelle, du gendarme et du voleur.
Ou bien celui du chat !
Pouf, pouf, c’est toi le chat !
Les deux sœurs collent leur visage le long du tronc du fruitier.
Le décompte se fait : un, deux, trois….
Pendant ce temps, Alice décide de revêtir le costume du félin.
Se souvenant de sa Zianou.
Petite chatte au pelage gris perle agrément d’un plastron blanc sur sa poitrine.
Par coquetterie, elle avait enfilé quatre chaussettes blanches ainsi qu’une paire de gants de même couleur.
Un cœur rose en guise de nez ressortait de son argenté.
Lorsque Alice reçut cette minuscule boule, elle la trouva si belle qu’elle prononça : « tu resteras petite ». C’est ainsi que Ziane resta miniature.
Pendant que les souvenirs lui reviennent en mémoire, Alice sent une métamorphose !
Sa morphologie change ! Se transforme-t-elle de chenille en papillon ?
Non point, de fillette en chat !
Sa vue diminue en même temps que son aspect.
La vision du sol devient différente. Alice n’a plus la perception de la hauteur qu’elle connaît. Elle découvre le rase-mottes !
Lorsqu’elle était grande, ses pieds foulaient allègrement la terre sans aucune attention. Sa préoccupation : vais-je pouvoir trouver une cachette ?
Le décompte s’égraine inlassablement, 50, 49,48…
Ai-je encore un peu de temps pour m’habituer à être chat ?
Continuons !
J’avance une patte puis une autre. Ce qui entraîne celles de derrière.
Doucement, je poursuis ma marche en ne sachant comment positionner ma longue queue.
Dois-je l’élever ou bien la laisser basse ?
Le déplacement s’exécute à nouveau. Petit à petit, l’équilibre s’accomplit.
Ce qui me permet de progresser prudemment vers le moelleux qui défile sous mes coussins molletonnés. Ces derniers amortissent la palpation des petits cailloux.
J’emprunte l’allée qui mène au jardin de Louise.
Il y a suffisamment de plantes qui m’offrent une cachette.
J’évite la cabane située au fond du terrain. Je la connais pour y avoir recours lorsque j’étais fille. Elle côtoie les arbres fruitiers.
Nous y cueillons les pommes, les poires, les coings. Cela me rappelle la dégustation des tartes et des confitures. Pourrais-je à nouveau les savourer ?
Le soleil luit haut dans le ciel. Les hirondelles voltigent bas pour gober les moucherons.
Je ressens le déplacement d’air qu’elles provoquent en volant en rase-mottes.
En tant qu’Alice, je les entendais et levais la tête pour admirer les loopings qu’elles engageaient entre elles. J’assistais à une virtuosité de leurs ailes.
Revenons à ma traversée vers le jardin.
Ce dernier s’ouvre à qui veut le visiter. Son accès est libre. Aussi j’entre dans les allées bordées de buis.
Je décide de prendre celle de droite qui mène dans les fleurs d’éventail de couleurs.
Des lupins semblables à des lapins me regardent.
Que vient faire ce chat dans notre voisinage ?
Tu ne trouveras pas de souris ici, me disent-ils.
Je ne suis pas un chat !
Un commun éclat de rire se répand parmi les massifs colorés.
Nous ne sommes pas non plus des lapins !
Nous nous amusons ensemble de nos apparences. Quelles sont-elles en réalité ?
Je fais quelques pattes supplémentaires et constate que c’est bien en marchant que l’on apprend à marcher !
Ces pas m’amènent à découvrir les rouges coquelicot dressés au milieu de vertes salades joufflues.
Des limaces gluantes les visitent tout en se rassasiant de leurs pousses.
Je tourne la tête en apercevant une trouée sous les grandes feuilles de rhubarbe.
Je m’y engage, surprise par une toile d’araignée qui vient se coller sur mes moustaches.
Un coup de patte sur mon museau, je l’enlève. Et continue mon avancée dans l’ombre.
Vais-je être étonné par d’autres inconnus qui eux aussi cherchent un chemin ?
Le sol est dur. Mes coussinets ont quitté le moelleux vert tendre des herbes qui s’agitent au vent. La sécheresse de la Terre griffe mes pieds.
Soudain, sa surface vibre
J’entends le bruit d’une cascade de pas qui se dirigent dans le jardin.
En effet, le silence du décompte est arrêté.
Serait-ce la fratrie qui vient à ma recherche ?
Je suis Chat Alice dérobée aux regards sous la tente rhubarbe. Protégée du soleil et dissimulée à toute vue.
Afin de me masquer davantage, je camoufle mes chaussettes blanches sous mon ventre ainsi que mes gants. Je ramasse ma queue pour ne devenir qu’une boule cachée sous un étendard vert.
Les pas se rapprochent, le tremblement s’accentue.
Surtout, silence, ne pas bouger.
J’entends : « elle n’est pas là ! »
Il est vrai que ma stature de fille serait déjà évidente !
Grâce à la métamorphose, j’ai changé de forme !
De plus, cette mutation n’est même pas imaginée.
Le regard ne voit que ce qu’il veut voir, n’est-ce pas ?
Ma transformation n’est visible que de moi-même !
Je suis un chat !
Le resterais-je ?
Marie-Pierre AUBERT — écrivain —
© 2025 – Akasha MPA-Tous droits réservés
Source:https://souffledelesprist.com/la-metamorphose-le-chat/#more-8814
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Texte partagé par Les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre

