Message du Professeur Zolmirel (suite)
Le lendemain était un jour d’exception que j’attendais avec impatience.
Je me levais un peu avant les autres et préparais un sac, ainsi que deux paniers. Le deuxième était plus petit. Zilmis l’avait fabriqué avec amour pour notre petit invité.
Comme percevant ce qui allait advenir, Xalol descendit timidement l’escalier. Il m’observa avec curiosité et vient s’asseoir près de moi. Je l’embrassais.
- Quoi li faire aujourd’hui ? demanda-t-il en un langage commun hésitant.
Il me fixait de ses grands yeux de nacre splendides. Je bégayais quelque peu, ému par sa pureté. Je percevais ses pensées magnifiques d’enfant. Il s’agissait de la première fois pour lui.
- Nous allons aller faire un petit tour en forêt. Cela te dirait-il d’apprendre à cueillir des champignons, des mousses ?
- Oh oui ! Moi très heureux tonton ! assura un Xalol ravi.
Il me contempla d’un œil radieux. Comme j’étais assez petit, il commençait à atteindre la moitié de ma taille. Très bientôt, nous serions aussi grands l’un que l’autre. Je trouvais cela assez amusant.
Je nettoyais les grands yeux de Xalol avec un produit floral doux, et lui enfilais une écharpe. Il put mettre ses souliers tout seul, ce qui était remarquable pour un enfant de cet âge. Il saisit son panier, et s’en fut en gambadant dans le jardin. Je sortis à sa suite sans bruit. Amoni et tous les autres devaient encore dormir en cette heure matinale.
Xalol fixa la brume mystérieuse et l’orée de la forêt baignée de pénombre. Un peu inquiet, il revint vers moi.
- Y aura-t-il beaucoup de fauves ? me demanda-t-il.
- Non, pas en cette heure. Les fauves sortent le soir uniquement. Il en reste très peu qui soient hostiles. Si tu perçois quelque chose, dis-le moi aussitôt. C’est d’accord ?
- Oui tonton, moi faire efforts pour devenir meilleur télépathe.
J’étais abasourdi de son aisance à tout comprendre. Je compris mieux l’insistance de sa mère à faire ausculter cet enfant. Xalol semblait des plus à l’aise dans le sous bois. Nulle peur ne vint l’effleurer lorsque nous en sommes venus à parler des fauves terrifiants de deux à trois mètres de long, qui hantaient encore cette province.
Xalol escaladait souplement troncs et branchages de ses longues jambes fines. Il semblait en pleine forme. Ses yeux d’enfant s’illuminèrent de joie, lorsqu’il découvrit la ramure d’arbres centenaires parés de lueurs dorées. C’était un très beau spectacle.
A dessein, je l’avais mené dans cette partie de la forêt qui m’enchantait le plus. Chose agréable, il marchait presque sans bruit. Il était habité de cette grâce touchante des enfants très jeunes. En détaillant son teint de porcelaine, je me dis qu’il s’agissait sûrement d’un alien « au teint de glace » comme cela arrive parfois. Le petit Xalol ne possédait nulle pigmentation, il était sûrement albinos.
- Es-tu heureux au grand institut ? lui demandais-je.
- Oui tonton, les autres enfants sont un peu surpris au début. Là bas, aliens au teint lavande, bleuté ou vert. Kolals toujours au teint crème. Alors, moi être juste une couleur de plus, un peu différente. Mes parents viennent me ramener tous les soirs. Lani rassurée de voir que je ne grimpe plus partout ! fit-il en riant.
- Et comment se passent les séances de découvertes ? ajoutais-je.
- Moi capable former des signes, expliqua le petit Xalol. Bientôt moi pouvoir écrire phrases entièrement.
Ainsi, il savait donc déjà lire ? Je peinais à croire à cela. Cet enfant, même pour les nôtres, était des plus précoces. Xalol m’apprit qu’il avait dû être placé dans un cours avec des enfants un peu plus âgés. Ses parents n’avaient pas trop envie de cela. Ils étaient peu désireux qu’il se fasse remarquer, surtout en cours d’année, mais tout s’était bien passé. Les autres enfants étaient plutôt curieux de le connaître, intrigués par son aisance et son érudition.
Le petit Xalol, qui peinait un peu en langage commun, s’exprima en Kolal, et il nous fut bien plus facile de discuter ainsi.
- Je crains de faire du souci à mes parents. Ils ne s’attendaient pas à un enfant si différent. Pour les livres, j’aime tellement lire qu’ils en sont un peu alarmés.
- Ne sois pas inquiet, mon cher petit. Ton oncle Amoni était aussi un petit alien très précoce. Il lisait tous les livres de biologie de son père, qui en était un peu surpris. Il est normal qu’il en soit de même pour toi.
Il se figea aussitôt, me montrant une procession de scarabées sur le sol.
- Ces insectes se nourrissent de fruits. Ils cherchent la trace laissée par les animaux à fourrure, comme cela, ils sont sûr de découvrir des fruits.
- Et comment fait-on pour trouver des champignons tonton ?
- Il faut d’abord trouver un arbre très ancien, au tronc épais. Ensuite, on cherche à son pied, si des moisissures sont visibles. Il faut une zone ombragée, humide, un peu fraîche, mais pas trop. Et surtout, il existe une odeur particulière d’humus. Et puis bien sûr, il y a l’intuition.
Nous sommes parvenus en plein milieu de la forêt. J’appris au petit Xalol que certains champignons aimaient pousser au pied des arbres, d’autres sur les troncs, les rochers, et d’autres enfin, dans l’herbe.
- Sur ce monde, contrairement à d’autres, les champignons peuvent constituer des formations spectaculaires. Ils peuvent atteindre la taille de jeunes arbres. Bien sûr, ils sont très durs et on ne mange que les jeunes sujets.
Nous sommes parvenus à un tapis d’herbe humide, et Xalol découvrit des champignons blancs bien duveteux, tout juste éclos.
- Félicitations ! lui dis-je. Quel bonheur ! Ils ont l’air excellents ! Amoni adore cette variété. Ici, ils sont appelés coussins de nacre, mais ils ont d’autres noms.
Cette heure était très propice, nous avons rempli nos paniers, en laissant les plus petits sujets. Je prélevais également un peu de mousse. Je la fis goûter au petit Xalol, qui la trouva légèrement piquante mais excellente.
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Texte partagé par Les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre
