Message du Professeur Zolmirel (suite)

Nous nous sommes de nouveau enfoncés dans le sous bois, atteignant un sentier pierreux, avec de larges rocs épanouis. Xalol bondissait agilement sur le chemin. Je débusquais un lot de moisissures violettes bien vénéneuses, et les abritais dans un linge, en une autre partie de mon panier.

  • Il s’agit d’un espèce non comestible, exposais-je au petit alien. Les soigneurs s’en servent pour élaborer un breuvage, avant les interventions. Cela permet d’endormir les patients en quelques minutes.
  • Ce breuvage est-il utilisé aussi pour le voyage spatial ? demanda Xalol avec curiosité.
  • Oui, tu as tout à fait raison, mon enfant. Pour le très grand voyage spatial. Il donne un sommeil vraiment profond d’environ deux jours. Cela permet l’accélération des longs courriers durant ce laps de temps.
  • Pourquoi le corps des nôtres résiste-t-il mieux à l’accélération lorsqu’il est endormi ?
  • Les experts ont découvert que lorsque le corps est bien relâché, il est plus souple. Donc, les organes, les vaisseaux sanguins peuvent supporter des pressions beaucoup plus élevées.
  • Tu peux les toucher sans t’endormir ? demanda Xalol fasciné en me voyant cueillir tranquillement les champignons.
  • Oui, le composé de sommeil se trouve dans le suc du champignon. On peut les cueillir sans soucis. Pour les préparer et les couper, les soigneurs utilisent un appareil culinaire.

Nous avons repris notre route, le petit Xalol rêveur s’approcha d’une jolie mare couverte de lentilles d’eau. Je saisis un bâton et lui exposais comment les récolter. La mare tranquille en apparence, était emplie de grands poissons assez voraces.

Je l’invitais à prendre place dans une petite barque, puis la fit avancer par l’esprit. Il en fut émerveillé. Alors, des poissons magnifiques se mirent à bondir hors de l’eau, des roses, des verts, des bleus et même des poissons tout jaunes constellés de taches rouges. Je les repoussais par l’esprit.

Le petit Xalol ouvrit de grands yeux émerveillés. Il eut un long rire ébloui.

  • Ce qu’ils sont beaux ! lança-t-il. Je ne savais pas que les poissons pouvaient voler ainsi !

L’un des poissons atterrit sur notre barque et Xalol eut le temps de détailler ses écailles bleues nuancées de turquoise. Je le poussais dans l’eau de mon fluide.

Nous sommes parvenus sur la berge. Je fis descendre avec soulagement le petit Xalol. J’avais eu moi aussi le privilège de vivre pareille aventure, loin en arrière, avec mon vénérable grand-père Oralecto. Bien sûr, à l’époque, je ne me doutais pas que ces poissons étaient carnivores.

Xalol semblait en être pleinement conscient, mais l’accepter de manière sereine.

  • Tonton, pourquoi tu ne m’as pas laissé les caresser ? interrogea le petit alien.
  • Je suppose que tu le sais. Les enfants ont aussi souvent envie de caresser les chats sauvages immenses qui peuplent les forêts. Mais ce n’est pas une très bonne idée.
  • Nous pourrions les apprivoiser ? proposa-t-il.
  • C’est une très bonne idée. Tu es un enfant au cœur vraiment bon. Dorian a déjà agi de la sorte avec ces poissons, ils ont renoncé à nous attaquer. Il faut le cœur débordant d’amour des êtres de lumière pour cela. Il faut aussi être beaucoup plus âgé.
  • Alors les fauves et les poissons ne pourraient pas te mordre ? questionna-t-il.
  • Oui, je pense. Nous sommes très fibreux avec le temps. Nous pouvons faire varier notre consistance de manière instinctive, pour nous protéger des morsures. Tu l’apprendras également. Cela ne ferait pas un très bon déjeuner pour un fauve, dis-je ne riant.

Xalol me fixait intensément. Notre conversation était des plus intenses. Nous avons pris place sur un rocher pour prendre un en cas.

  • As-tu déjà eu un épanchement au cours de tes voyages stellaires, tonton ? me demanda-t-il.
  • Oui, plusieurs fois, cela était sans gravité. Et cela valait le coup. J’ai eu la chance de visiter de très beaux mondes, pour y semer la vie. Cela est un suprême honneur pour les nôtres. Nous repartons et cette vie là reste, elle s’enracine et croît lentement. Cela est notre tâche à nous les botanistes d’être des semeurs de mondes.
  • Ton but est de faire qu’une planète sépulcrale ou une planète qui vient de naître devienne aussi belle qu’ici ?
  • Oui, c’est bien cela. Pour les planètes telluriques qui aspirent à recevoir une vie végétale. Ce n’est pas toujours le cas, il existe des planètes liquides, d’autres où l’atmosphère est gazeuse. Celles-ci sont peuplées uniquement de formes de vie aquatiques, ou énergétiques, éthériques.

Le petit alien cligna des yeux intensément.

  • Cela signifie que d’autres êtres se chargent eux aussi de semer des animaux, des formes de vie énergétiques ?
  • Oui, ils les introduisent sur les planètes qui en ont fait le vœu. Cela se fait toujours avec l’esprit-mère de la planète, sa personnalité. Il faut que la planète ait envie de voir des animaux peupler sa surface.
  • Et pour les nôtres ? Qui s’est chargé de notre peuple ? D’où viennent les Kolals et les Galmols ? demanda-t-il éperdument.
  • C’est la seule exception. Les formes de vie pensantes se déplacent seules. Ils viennent de l’espace. Nos très lointains ancêtres ont fait le choix de fuir notre ancien monde, voici très longtemps. Ils ont choisi de devenir des aliens éclairés. Ils ont fui le principe involutif, qui consistait à dominer toute vie, à s’étendre, à consommer des plats à base de viande également. Ils ont décider d’aider les autres formes de vie, les autres peuples, de les soigner. Amoni en est le plus brillant exemple que je connaisse. Tes parents aussi sont très brillants. Ils protègent la vie, en recueillant des oiseaux migrateurs blessés. Leurs cultures de céréales sont très précieuses pour les hors mondes en péril. Ils ont aidé à sauver une colonie sur un astéroïde.
  • Oui, c’est vrai, fit le petit Xalol. Une colonie d’aliens de nuit. Ils ont pu reconstruire une partie de leur cité. Les experts Kolals ont envoyé là bas plusieurs vaisseaux mondes. J’aimerais beaucoup voyager dans l’espace, assura-t-il, le regard brillant.

Je m’interrogeais. Le petit Kolal était bien jeune. Allait-il être appelé lui aussi, être choisi comme je l’avais été ? Notre monde employait des enfants très jeunes pour communier pleinement avec l’esprit-mère des planètes. Cela se faisait de manière naturelle. L’envie de voyager dans l’espace avait toujours été en moi. Mon premier voyage avait été des plus merveilleux.

Le petit Xalol s’approcha en posant ses mains sur mon visage, cherchant à déceler mon canal psychique. Il était encore très jeune, et pas très bon télépathe.

Je souris, et lui envoyais des images superbes de planètes rosées, nimbées de bleu pâle, ou au contraire d’astéroïdes parés de glaces. Son fluide était des plus doux, j’étais émerveillé à quel point cet enfant pouvait être bon, renversant de maturité et de sagesse.

Ses grands yeux clairs furent illuminés de bonheur lorsqu’il perçut les images de sphères stellaires. Il vacilla quelque peu et retira ses mains aussitôt. Le fluide psychique des nôtres pouvait incommoder un enfant. Très ému, il s’essuya les yeux. Je le berçais près de moi pour le rassurer, sondant la forêt juste au cas où.

Nous sommes très vulnérables lors d’une immersion psychique. Les fauves le sentent et peuvent alors surgir. Mais rien ne vint troubler cet instant de grâce. Le petit Xalol serra ma main en me fixant avec une confiance éperdue.

  • Si je suis choisi, je veux aller dans l’espace avec toi, et avec tonton Amoni ! lança-t-il joyeusement.

Ainsi, il savait déjà !

  • C’est d’accord, répondis-je. Si tu es choisi.

J’éprouvais quelque inquiétude. La sœur et le beau frère d’Amoni étaient agriculteurs. Cela faisait au moins trois générations. A leurs yeux, nous passions pour une famille d’explorateurs de l’espace. Ils comprenaient, mais n’approuvaient pas entièrement cette vie. Il nous arrivait de partir pour plusieurs semaines, laissant nos terres à l’abandon. Eux n’auraient jamais toléré cela. Ils considéraient que la place des leurs était en leur ferme auprès de leurs oiseaux et de leurs terres.

Comment allaient-ils réagir si leur fils âgé d’à peine un an formulait si jeune le vœu de voyager dans l’espace ? Je songeais qu’il n’était pas bon d’influencer cet enfant. Le voyage dans l’espace comportait des dangers, malgré toutes les précautions déployées lorsque des enfants étaient à bord. Il fallait que la décision vienne de lui.

Inévitablement, Nerti et Zilner avaient dû converser avec leur cousin de leurs escapades dans l’espace à nos côtés.

  • Mes parents n’aiment pas beaucoup l’idée de voyager, vers d’autres terres ou dans l’espace, exposa le petit Xalol. Je ne veux pas qu’ils soient tristes, mais je veux y aller quand même.

Je souris paisiblement. Il était encore très jeune. Son ossature et ses articulations n’étaient pas encore pleinement constituées. Son psychisme était celui d’un tout jeune enfant, malgré sa maturité intellectuelle hors normes. Il faudrait un peu de temps avant qu’un voyage dans l’espace soit autorisé pour lui.

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Texte partagé par Les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre