Message du Professeur Zolmirel (suite)

Les enfants suivent un petit sentier. Ils sont attirés par une pensée effrayée en particulier.

Ils aperçoivent une petite maison, à l’écart des autres, un peu enfouie sous la végétation. Ils s’approchent lentement. Une minuscule silhouette apparaît timidement.

Ils reconnaissent aussitôt le petit alien qu’ils ont recueilli avec leur grand-père à bord de l’Heskudden en cours de réfection. Il a beaucoup changé, son teint est clair et lumineux, et ses habits soignés. Cependant, c’est un enfant très craintif, d’environ deux ans.

  • Cela fait plaisir de te voir, lance aussitôt Nerti. Es-tu heureux ici ? J’espère que les soigneurs s’occupent bien de toi.
  • Egona shim ekkin tudu ? s’étonne le petit être. (Pourquoi êtes-vous ici ?)
  • Je suis Nerti, et voici mon frère Zilner, nous avons été des enfants blessés, comme toi.
  • Vous rester ici longtemps ? demande le petit clone en langage commun. Pourquoi venir ?
  • Notre professeur, le sage Zablinsk nous fait visiter ce lieu, pour apprendre. Nous sommes contents de voir que tu vas mieux, répond le petit Zilner.

Le petit clone leur fait signe d’entrer. Les enfants découvrent une jolie demeure de bois, avec tout le confort. Le mobilier minuscule est à leur taille. On dirait une maison de poupées. Il existe de jolies tapisseries au mur, des paysages, ainsi qu’un fauteuil garni de poupées aliens et de jeux de devinettes.

  • Vous li asseoir, dit-il timidement. Moi servir à boire.

Et l’enfant leur apporte des boissons.

  • Merci à toi, dit le petit Nerti. Es-tu bien en ce lieu ?
  • Moi li vaisseau manquer. Je perdu, blocage émotionnel, disent soigneurs. Il n’arrive pas à apprivoiser son environnement réel, répond le petit clone, en imitant la voix d’un soigneur plutôt austère.

Nerti et Zilner éclatent de rire.

  • C’était pareil pour nous, se souvient Nerti. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de l’impact. Juste le froid, le sifflement du vide qui envahit tout et le désespoir. Nous avons été très surpris de découvrir ce monde, avec toute la verdure qui y règne.
  • Vous êtes des naufragés de l’espace ? demande le petit clone, en denakh cette fois.
  • Oui, assure Nerti. C’était très éprouvant. Nous avions des douleurs absolument partout. Les soigneurs nous ont placés en semi stase pour nous reconstituer. Ils étaient très gentils avec nous, mais nous ne parvenions plus à parler. Cela est lié au choc. Et toi, que t’est-il arrivé ?
  • Moi devoir toujours travailler se souvient l’enfant. Toujours nettoyer les cuisines, polir les couloirs, inspecter tuyaux, machines, peu de temps autorisé à lire ou rêver. Mon ancien maître très dur, très vil. Ensuite, vaisseau placé en centre d’amarrage pour « réfection intégrale ». Mais moi m’enfuir. Moi assez vilain maître ! Ensuite, moi être libre.
  • Tu es vraiment très courageux, s’extasie Nerti incrédule. Un long courrier géant, tout ça rien que pour toi !
  • Tu n’as pas eu trop peur, tout seul dedans ? s’étonne Zilner.
  • Vaisseau être ma seule maison. Moi peur lui découpé par experts, cela faire beaucoup de bruit, alors moi fuir grande galerie colorée. Pourquoi moi ici ? Maintenant guéri, s’étonne le petit alien.
  • Ton corps a été pollué par des oxydes métalliques de titane et d’aluminium. Tout cela a été retiré de toi, mais il reste des souvenirs pénibles. Ils doivent partir également, explique Nerti en sirotant son nectar de fruits.
  • Ça être arrivé à vous aussi ? Ça possible ? demande l’enfant un peu hésitant.
  • Oui, avec le temps la trame émotionnelle d’un être se reconstruit peu à peu. Tu as droit à une meilleure vie. Nous sommes très heureux maintenant avec notre père.
  • Votre père ?
  • Oui, le soigneur Amoni est devenu notre père. C’était plutôt inattendu, s’amuse Nerti. Il y avait d’autres parents qui voulaient nous adopter, mais c’était lui que nous voulions !

Le petit clone ne souffle mot, cela semble l’avoir beaucoup impressionné. Son regard brille un peu plus, comme parvenant à croire à ce miracle d’une vie meilleure, lui qui a si peu reçu de soins.

  • Qu’est qu’un père ? demande l’enfant.
  • Il est comme un maître, répond le petit Zilner, mais il est bon avec toi, il te lit des histoires et veille sur toi. Il te fait rêver, te donne envie de voyager, de découvrir de nouveaux amis, des planètes mystérieuses. Il sait toujours comment soigner les malades, il sauve des blessés, des hors mondes, des animaux.
  • Votre père fait tout cela ? s’étonne l’enfant.
  • Oui, c’est un grand alien de science, un guérisseur merveilleux, assure Nerti avec une fierté débordante.
  • Je un peu seul ici, soupire l’enfant, mais moi heureux vivre en ce lieu, c’est vrai. Il existe étranges visiteurs qui me regardent sans s’approcher.
  • Ce sont des familles, ils viennent pour toi, dit simplement le petit Nerti.
  • Ils ne s’approchent pas.
  • Ils sentent juste que tu as peur, expose le petit Zilner. Ils veulent t’être le plus agréable possible.
  • C’est vrai ? demande l’enfant émerveillé.
  • Oui, ici, tous les êtres que tu verras seront bons avec toi ! Ils savent qu’il t’est arrivé des choses terribles, et ils veulent t’aider. Tu devrais essayer de leur parler, et tu verras que c’est vrai, déclare Nerti avec un entrain absolu.
  • J’ai peur, soupire l’enfant.
  • Si nous venions avec toi, ça irait peut-être mieux ? demande Nerti.
  • Oui, je veux bien essayer, hésite le petit alien.

Alors, ils achèvent leurs boissons et sortent de la petite maison. Le petit clone hésitant marche auprès de Nerti et Zilner.

Les enfants reviennent près de la table. Le sage Zablinsk n’est plus là, il reste seulement la guérisseuse Allira. Elle est assise et sourie gentiment au petit être.

  • Sois le bienvenu, mon enfant, dit-elle. Veux-tu manger quelque chose ? demande-t-elle en lui proposant une part de gâteau.
  • Merci à vous, ô noble maîtresse, répond l’enfant craintif en s’inclinant.
  • Rassure-toi, je ne suis point ta maîtresse, assure Allira avec bonté. Ici, il n’est plus de maître ou d’esclave, tu es libre. Acceptes-tu de me parler librement ?
  • Oui, hésite l’enfant en s’asseyant. Je suis étonné par ce monde. Je ne pensais pas… mériter autant. Merci de m’avoir soigné.
  • Il est normal que tu aies été soigné, mon cher petit. Il existe une programmation bien vile en ton esprit, celle qui consiste à te faire travailler à tout prix en te privant de bonheur. Le fait de songer que le bonheur puisse être indigne de toi est une aberration du régime denakh des castes. Nous sommes heureux que tu puisses enfin commencer à entrevoir une autre direction de pensée !

L’enfant un peu intimidé se retourne, mais Nerti et Zilner se sont éclipsés. Il est seul avec la guérisseuse. Elle mange une part de tartes aux fruits. Il l’imite. Le goût est excellent, un sourire un peu hésitant vient illuminer son visage. Une longue conversation bénéfique débute entre eux.

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Texte partagé par Les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre