Message du Professeur Zolmirel (suite)
Chacun prit place en un petit salon, pour admirer tout à loisir l’astéroïde qui se profilait. Pour l’instant, nous ne pouvions le distinguer clairement, car l’éclat de son étoile-mère masquait en partie sa silhouette. Les panneaux vitrés occultants du navire filtraient pour nous cette clarté trop aveuglante. Ils devenaient plus ou moins sombres en fonction de la radiance extérieure.
Peu à peu, l’image agréable d’un roc fortement cratérisé se dessina. C’était un fragment de petit monde alors en devenir. Dans un temps très lointain, l’astéroïde deviendrait une petite lune, puis une lune sphérique, puis, enfin, une petite planète. Il existait à sa surface les zones en croissance, celles où l’on ne pouvait rien construire, du fait de la poudre spatiale et des petits rocs qui s’y accumulaient.
Une importante installation géomagnétique avait été érigée tout autour, afin de diriger très précisément cette « pluie stellaire » et aussi, de protéger les installations.
Le relief gris-bleu se précisa, je le trouvais superbe. Une agréable clarté baignait la surface, érigée à l’infini de petits monts poudrés d’éclats brillants.
- Il s’agit de glace, précisa Amoni en se sanglant à son siège.
Chacun fit de même, car le signal de la décélération avait retenti. Etant donné la très faible allure du vaisseau, nous n’avons ressenti qu’un léger étourdissement, qui dura tout au plus quelques minutes.
Nous avons ouvert les yeux, un peu secoués, mais ravis de la vue à couper le souffle. Le vaisseau grinçait très faiblement. Je louais intérieurement les merveilleuses qualités d’Erazel, tout en me félicitant d’être éveillé.
Le navire flottait à haute altitude, approchant d’une ville-forteresse couronnée de hautes tours élégantes.Tout autour, de longs bâtiments s’étendaient. Il s’agissait du grand centre de maintenance de vaisseaux petits et moyens courriers. Les enfants nous observaient depuis la pièce voisine, tout en ayant les yeux rivés à ce spectacle.
Tout se déroula avec une merveilleuse aisance. Je perçus le son du communicateur dans la timonerie.
- Allez en douceur, vitesse réduite, niveau 3, disait une voix allègre.
La vitesse du navire décéléra. Un cône de traction se déploya, afin d’aider le vaisseau à se positionner très précisément sur le faisceau de décélération. Il y eu plusieurs sons sourds, puis, toute la structure vibra. Pour ainsi dire, quelque chose entourait délicatement le navire fragile pour le protéger. Le risque de fracturation d’un vaisseau avarié intervenait surtout à l’atterrissage.
- Votre navire est sécurisé, fit une voix satisfaite. Vous allez pouvoir vous poser à l’aire 31.
Très émus, les enfants se serraient contre celle qu’ils considéraient comme leur mère.
Il y eut un grondement, je vis sous nos pieds une immense alvéole de maintenance dernier cri dont le toit s’ouvrait pour nous accueillir.
C’était très impressionnant, le vaisseau flotta docilement jusqu’à la zone d’atterrissage. Il était guidé avec brio par les opérateurs du centre d’appontement.
Enfin, nous nous sommes posés. Au niveau de la timonerie, on entendit de vagues sanglots. Le capitaine apparut peu après, très ému, mais euphorique.
- Mes amis, je vous remercie tous du fond du cœur, exposa-t-il en fixant Erazel. Je suis tellement heureux que nous soyons arrivés à bon port !
Son épouse et toute sa famille le fixa avec tendresse. Les plus jeunes clones se précipitèrent vers lui pour le réconforter.
- Je n’ai fait que mon devoir, ajouta Erazel. Vous êtes une famille si attachante, qu’il est normal de vous aider.
- Nous sommes un peu tristes de vous quitter, exposa le capitaine. Nous nous reverrons bientôt, le temps des réparations.
Le petit Astort s’approcha d’Erazel, un peu attristé lui aussi de notre départ. Elle le serra près de lui pour l’embrasser, et il vacilla sous son fluide immense d’ancienne si sage.
Chacun de nous souhaita bonne chance aux aliens, nous étions ravis de la future renaissance du vaisseau.
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Texte partagé par Les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre
