Message du Professeur Zolmirel (suite)

Juste devant nous, se tenait un haut massif à la roche sombre presque noire. Chacun réprima un frisson face aux montagnes aux sommets effilés à faire froid dans le dos. Amoni aperçut un immense animal couvert de fourrure, qui détala vers une crevasse.

Il n’en souffla mot, soucieux de ne point inquiéter Limmel, mais je surpris sa pensée. S’il s’agissait d’un prédateur, il serait difficile de paralyser un animal aussi grand. Il faudrait nous y mettre à plusieurs.

Notre vaisseau se posa non loin de la paroi rocheuse. Nous avons agi aussi vite que possible, descendant dans une ravine. Amoni creusa la glace avec un appareil précis. Minel et Kalahar restèrent à faire le guet.

Je promenais un senseur au niveau de la banquise. Il révéla des foyers de vie endormis, à deux mètres de profondeur de la surface, environ.

Avec Limmel et Zilmis, nous avons collecté plusieurs blocs de glace. Celle-ci n’était pas très dure, plutôt friable.

Ce qui pouvait sembler simple était en réalité harassant. Nos combinaisons nous gênaient, le matériel était très lourd pour nos petites silhouettes.

Limmel se révéla d’une aide efficace. Comme tous les aliens des montagnes, elle était habituée au travail.

Tout se passa plutôt bien. Nous avons remballé notre matériel et sommes remontés, émergeant de la crevasse avec peine. Puis, nous avons grimpé à bord du navire.

Kalahar surveillait les alentours, avec un paralyseur longue portée. Toute aussi attentive, Minel faisait de même. Son fluide impressionnant suffirait sans nul doute à faire fuir un animal menaçant.

Erazel, inhabituellement discrète, déployait ses sens aiguisés pour ressentir l’approche d’intrus.

  • Allons mes enfants, il ne faut pas tarder, nous dit-elle.

Tous les échantillons étaient chargés. Nous sommes remontés à bord en vitesse. Kalahar décolla aussitôt.

Erazel nous montra des points épars.

  • Des fauves des glaces, ils étaient en train de nous encercler.

Nos yeux acérés décelèrent un animal proche d’un chat sauvage, mais au museau écrasé qui lui donnait un air peu jovial. Certains étaient striés finement de beige, d’autres entièrement immaculés. Les plus petits prédateurs faisaient trois mètres de long, les plus grands quatre.

  • Il vaut mieux filer d’ici, effectivement, émit Zilmis. Je n’ai pas prévu de les inviter à table avec nous.
  • Je n’ose songer à la quantité de viande que doit engloutir un tel animal, soupira Amoni.
  • Ils mangent des algues glaciaires pour survivre, au départ ce sont des prédateurs, mais ici, ils n’ont pas trop le choix, expliqua notre guide.

Notre esquif poursuivit son vol, puis se posa en une région bien plus accueillante, aussi mieux éclairée.

Une glace miroitante se dressait face à nous, le ciel était d’une beauté singulière, nuancé subtilement de mauve et de lavande, il se colorait de jaune près de l’astre du jour. Les experts avaient réussi à rendre cette portion viable. Aussi, nous avons pu retirer nos casques encombrants. Des déflecteurs nous entouraient, protégeant nos visages de la froidure. J’inspirais avec bonheur un air glacial un peu piquant.

Autour de nous, des champs expérimentaux garnis de plantes pionnières prospéraient.

  • Il existe plus de radiance tellurique ici, fit notre guide. Aussi, il a été possible de développer ces plantations avec une faible atmosphère.

Une vapeur discrète planait par endroits. Je compris que notre prélèvement en ce lieu serait de toute autre nature.

En effet, apparut le cône d’un petit volcan, il apparaissait minuscule au milieu d’une vaste caldeira.. Des panaches de lave réguliers s’en échappaient, se déversant en une coulée très fluide.

Limmel blêmit et ses genoux s’entrechoquèrent.

  • Je ne suis pas en mesure de continuer, soupira-t-elle.
  • Ce volcan est sans aucun danger, ma chère, assura Amoni. Il laisse échapper sa lave paisiblement. Les experts l’ont sondé de nombreuses fois, rassurez-vous.

Amoni et Zilmis saisirent les mains de Limmel pour l’apaiser. Chacun de nous activa son équipement contre les gaz dangereux, descendant lentement vers la caldeira en larges bonds incurvés. Le champ antigravité intégré à notre équipement était d’un grand secours, nous épargnant des heures d’efforts. Il nous permettait de nous poser en douceur sur ce terrain friable. Pour éviter toute chute de pierres sur nos compagnons en contrebas, nous sommes descendus un par un.

Erazel projeta son fluide à plusieurs reprises, pour repousser des cailloux qui dévalèrent la pente.

Amoni fut le dernier à descendre, se posant impeccablement sans déranger le moindre roc.

Nous avons progressé ensuite sur un terrain tortueux semé d’éboulis de toutes sortes.

  • C’est là, émit Kalahar en montrant l’entrée d’une petite grotte.
  • Prudence, exposa Erazel, si vous le permettez, j’irai en premier.

Amoni et Minel la suivirent, je sentais tout comme eux une présence.

Un cri d’effroi retentit, et j’aperçus un animal blessé qui reculait contra la paroi. Il faisait penser à un tapir, avec le pelage et la tête d’une hyène. Son dos était couvert de hautes épines. Cela n’avait pas suffi à le protéger, et il avait été assailli par un prédateur. L’animal faisait environ cinq mètres de long.

Une de ses pattes saignait.

  • Le pauvre, fit Amoni, nous ne pouvons le laisser ainsi.

Il voulut s’avancer, mais Minel le devança, elle murmura de douces paroles pour l’apaiser. Cela eut son effet, l’animal parut se détendre. Minel s’approcha lentement, et s’agenouilla.

Amoni lui tendit des remèdes et elle nettoya la plaie impressionnante. Minel étala un cicatrisant en quantité épaisse. L’animal inconnu se laissa faire, malgré sa dentition.

– Cet animal mange des racines, émit notre guide, mais votre amie est incroyable. Normalement, il est très sauvage. C’est la première fois que je vois une telle chose, fit-il en un murmure impressionné.

Amoni et Minel s’écartèrent de l’animal apaisé, il les contempla avec surprise, étonné que quelqu’un ait pu lui venir en aide.

Nous l’avons laissé se reposer, et avons poursuivi notre exploration.

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Texte partagé par Les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre