Message du Professeur Zolmirel (suite)

L’après-midi venue, il en vint à faire plutôt chaud. Peu après le repas, j’allais m’étendre au salon, percevant de joyeuses pensées se faire jour en mon esprit. Minel resta à lire sur la terrasse, occupée à nourrir des oiseaux et des petits lézards. Ces visiteurs allègres sentaient en elle une grande bonté et se perchaient volontiers sur ses épaules ou même sa tête.

C’est alors qu’un passage télépathique s’ouvrit.

Gambadant dans les coursives, Nerti et Zilner filaient sur la vaste esplanade du Grand Institut. La nouvelle avait circulé. Un nouveau navire avait été amené pendant la nuit dans le grand chantier spatial, situé sous le bâtiment.

C’était un cadeau de nos amis, les Denakhs, afin de nous remercier des soins que nous avions effectué sur un grand nombre de blessés. Notre monde était depuis visité par de nombreuses familles d’aliens désireuses d’adopter un petit blessé.

Nerti et Zilner s’empressèrent de se rendre sur la terrasse, pour l’heure déserte et parcourue de vents frais. Ils avaient une chance d’aller voir le géant, juste avant que ne débutent les cours. Une brume omniprésente planait. Ils se penchèrent avec émoi au-dessus de la grande verrière. Il faisait nuit dans le puits d’observation, d’environ 80 mètres de profondeur.

Avec stupeur, les enfants constatèrent que le grand hangar avait été agrandi. Ils réprimèrent un intense vertige. Le tréfonds obscur du puits se devinait, à environ 300 mètres de profondeur. Là, l’épave ternie d’un croiseur héroïque des temps anciens se devinait.

  • C’est un navire transgressif, lança Nerti d’une voix stupéfaite. Il a dû être décontaminé dans l’espace avant d’être amené ici !
  • Les croiseurs héroïques comme celui-ci possèdent plusieurs millions d’années d’existence, s’extasia Zilner. Les Denakhs en ont retiré les cuves fonctionnant à l’uranium.
  • C’est exact, fit une voix amusée.

Les enfants se retournèrent et furent comblés de voir le sage Zablinsk, ainsi que les autres enfants de leur petit groupe.

  • Ce navire a été décontaminé entièrement par nos amis les êtres de Lumière, de sorte qu’il puisse être amené ici pour révision intégrale. Il ne présente plus aucune radioactivité et ainsi, les experts pourront y œuvrer sans risque. Comme le vaisseau est très grand, il a été démonté en deux moitiés, comme cela est fait traditionnellement pour un long courrier.
  • De quelles réfections a-t-il besoin ? demanda une petite alien Denakh.
  • De beaucoup de contrôles, et d’une révision totale du système environnemental, et des quartiers d’habitation, exposa Zablinsk. Il doit pouvoir « passer », émit-il d’une voix mystérieuse.
  • Pouvons-nous le visiter ? s’enquit un autre enfant Ilstirr avec espoir.
  • C’est une très bonne idée, répondit Zablinsk. Nous allons descendre, pour interroger les experts. Les travaux n’ont pas encore commencé, aussi, je crois qu’ils ne s’y opposeront pas.

Chacun des enfants rayonna de joie.

  • N’aviez-vous pas prévu un autre cours ce matin ? demande le petit Zilner avec prévenance.
  • Si, répond le sage en riant. Mais rien ne presse. Nous pourrons parler du centre d’adoption une autre fois. De nombreux Denakhs sont présents à bord du navire. Certains connaissent peu notre monde, veillez bien à leur être les plus agréables possible.

Le cœur battant, chose inhabituelle pour eux, les enfants montent à bord d’un élévateur. La cabine semble mettre un temps infini à descendre.

  • Nous allons voir de vrais Denakhs, s’extasie Nerti en un murmure.
  • Notre mère est une vraie Denakh, s’étonne Zilner.
  • Je veux dire, des aliens qui possèdent en eux la culture originelle de notre monde, explique Nerti. Ils savent peut-être ce qui est arrivé… ensuite.

Zilner lui adresse un regard compatissant.

La porte de la cabine s’ouvre et révèle un spectacle fastueux. Une immense épave métallique brille d’un éclat bleu noir dans la pénombre. La partie la plus proche avoisine les 70 mètres de haut, c’est la proue du navire, effilée et hérissée de capteurs. Elle s’incurve vers le haut, à une distance vertigineuse de plusieurs centaines de mètres de haut.

Les enfants répriment un frisson, ils se trouvent aux pieds du géant endormi. Tout autour, des experts dressent des grues stabilisatrices sur la coque, pour répartir la pression de manière équitable.

Ce type de navire n’est pas destiné à revenir à la pesanteur ordinaire. Des grincements et des craquements sourds se font entendre.

  • C’est tout à fait normal, les rassure Zablinsk. Le navire Heskudden a séjourné dans l’espace, aussi, ces contraintes nouvelles font jouer la structure différemment. D’ici peu, il deviendra silencieux.

Un alien Kolal s’approche du petit groupe et parle au professeur Zablinsk par l’esprit, puis il fait un large geste de la main.

  • Nous sommes les bienvenus ! s’exclame le sage. Il nous faut rester sur le périmètre extérieur.
  • Oh merci !!! lancent les enfants émerveillés.

Ils avancent au ras de la paroi, en un petit chemin aménagé tout autour du vaisseau. Le sol est inégal, car le dallage n’a pas encore été posé.

Des centaines d’ouvriers amènent d’énormes machines de sondage, des foreuses autoportées, des unités de soudure semi-automatisées. Ces machines sont conçues pour être placées sur des tourelles, au niveau de bras articulés placés à intervalle réguliers, qui font tout le tour de l’immense navire.

D’autres machines identiques, sont mises en action depuis de petits véhicules de maintenance à lévitation.

Les enfants suivent le professeur et restent dans la zone sécurisée réservée aux visiteurs. Ils contemplent de loin l’immense navire.

La coque en titanium ultra est fragilisée par endroits. Un champ a été dressé autour du navire, pour le protéger de l’humidité et contenir les particules éventuelles. En plusieurs endroits, le blindage d’astrocéramique blanche, révèle des impacts énormes, de la taille d’un stade entier. Les blindages sont semés d’éraflures et d’enfoncements nombreux. Malgré tout, ils ont cédé en très peu d’endroits, révélant les blindages du dessous, en titanium brillant. L’arrière du navire, une vraie merveille, est composé de cuivre amélioré. Seuls les flancs et les réacteurs possèdent des blindages supplémentaires. Il existe une passerelle d’embarquement, dont les limites sont matérialisées par de simples cordages. On a disposé au sol une structure lisse et sans défauts, pour y faire glisser d’énormes chargements sans efforts.

La porte, luisant d’un éclat jaune d’or, si lointaine et si fascinante paraît minuscule. Nerti fixe avec émerveillement le gouffre de nuit formé par l’avant d’un réacteur photonique. Comme hypnotisés, tous les enfants l’imitent. Le réacteur avoisine les 150 mètres de haut.

  • Il est simplement endormi, murmure Nerti d’une voix rêveuse. Il attend de renaître.
  • Oui, tout à fait répond le sage Zablinsk. Nous sommes autorisés à monter à bord, à condition de porter des filtres et de ne pas courir, dit-il en distribuant des colliers brillants aux enfants. Je compte sur vous pour être les plus discrets possible. Nous devons rester groupés, les prévint-il. Ce vaisseau est très grand, alors veillez bien à ne pas vous perdre.

Chacun des enfants accepte et comprend cela.

Ils approchent de la vaste passerelle d’environ 300 mètres de long. Juste au dessous, le sol, constitué de sable gris noir est visible. Zilner en est surpris.

La porte fait environ trois mètres de large et six mètres de haut. Elle est étonnamment petite par rapport à la taille du vaisseau.

Ils franchissent la grande porte et découvrent les parois du navire, d’environ 7 mètres d’épaisseur. La porte est une superposition complexe de nombreuses couches de métal variées, parcourues de champ énergétiques structurels.

  • On peut dire que les Denakhs ont fait dans la solidité, s’extasie un enfant.
  • Nous sommes à l’avant du navire, ne l’oubliez pas, c’est là que les impacts sont les plus fréquents.

Nerti et Zilner se retrouvent en un couloir plutôt étroit, aux parois métalliques grisâtres, agrémenté de plusieurs sas. Il leur faut enjamber des rails métalliques et des cloisons au niveau du sol. On dirait l’intérieur d’un bateau. Tout est entièrement en métal, de nombreuses gaines courent sur les murs et au plafond.

Les enfants frémissent face à un long couloir sinistre et peu éclairé qui se dessine devant eux. Ils avancent courageusement, en suivant Zablinsk, qui tient une lanterne. Ils aboutissent à la galerie principale du vaisseau.

De taille fastueuse, elle fait environ six mètres de large. Seuls quelques lumignons blafards éclairent ce qui pourrait ressembler à une galerie commerciale abandonnée.

On aperçoit de nombreuses échoppes, où des boutiquiers semblent avoir plié bagage. Il reste un peu de mobilier poussiéreux, révélant ce qui pourrait se rapprocher d’anciens salons de thé, des restaurants et des magasins très variés, proposant surtout des livres, des habits, ainsi que des centres de culture physique avec du sport, des soins nombreux.

Les enfants se serrent les uns près des autres en frissonnant. Zablinsk tente de les rassurer.

  • Les Denakhs pensent avoir fait là un magnifique cadeau, soupire le petit Nerti, mais on comprend mieux pourquoi ils voulaient se défaire de ce navire.
  • J’espère au moins qu’il n’y a pas de squelettes ! répond Zilner avec effroi.
  • Rassurez-vous mes chers petits, ce lieu ne présente aucun danger, assure Zablinsk, il a juste été vidé de ses occupants et de son mobilier pour effectuer les travaux, c’est tout.

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Texte partagé par les Les Nouvelles Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre