Sujet de nombreux fantasmes qui dépassent souvent la réalité, les orgies romaines sont toutefois relatées par certains auteurs reconnus. Comment démêler le mythe de la réalité ?
Avec leur débauche de nourriture, d’alcool et de sexe, les orgies romaines ne manquent pas d’éveiller l’imagination et la fascination. Cependant, le regard que porte sur elles un contemporain actuel n’a plus grand-chose à voir avec la perception qu’en avaient les Romains.
À l’origine, les orgies étaient en effet une initiation aux mystères divins à travers l’ivresse et l’abondance. Le terme approprié est alors bacchanale, du nom du dieu Bacchus qui préside à l’ivresse et à la connexion aux forces élémentaires du cosmos. Le sens de débauche que porte aujourd’hui le terme d’orgie est arrivé plus tard, même si certains citoyens romains se présentant comme honorables ont toujours condamné ces excès.
L’orgie, une pratique attestée archéologiquement
S’il est certain que les Romains s’adonnaient à des orgies, c’est que de nombreux éléments archéologiques en attestent. On retrouve en effet des représentations de scènes orgiaques sur des bas-reliefs, des poteries, des céramiques, ainsi que dans les textes.
Pétrone, Suétone, Sénèque ou encore Plutarque déplorent abondamment dans leurs écrits les excès auxquels se livrent leurs contemporains. Toutefois, il ne faut pas oublier d’y lire une critique politique. Propagande sénatoriale et impériale s’affrontent en effet largement sur ce terrain dans le but d’humilier l’élite sociale. Si les données archéologiques sont bien là, il ne faut pas sous-estimer leur partialité.
L’orgie, une pratique réservée à certains Romains
Même si les orgies ont bien existé, elles ne peuvent être attribuées à l’ensemble du peuple romain. En effet, la débauche de nourriture et d’alcool ainsi que la préparation d’un lieu de réception luxueux n’étaient possibles que pour les plus riches de la société romaine. L’immense majorité de la population se contentait pour ses repas de céréales, de légumes et de fruits.
C’est pourquoi l’imaginaire a conservé l’image d’empereurs décadents, dont certains auraient fait de l’orgie un mode de vie, comme Sylla, qui fait figure de pionnier en matière d’orgie en important cette pratique depuis l’Orient grec. Les orgies étaient donc rares et accessibles seulement à une infime part de la population romaine.
La légende noire des empereurs romains décadents
Les orgies, dans leur sens péjoratif et non plus originel d’ivresse permettant d’accéder au divin, sont particulièrement associées aux empereurs de la dynastie julio-claudienne et à l’Empire tardif. Tibère en son palais de Capri où s’organisent des spectacles pornographiques, l’incestueux Caligula et son épouse complice Cæsonia, Néron et ses salles de banquet parfumées, tous sont associés aux plus grandes débauches de luxe, de sexe et de nourriture. Il ne faut pas oublier que derrière cette décadence affirmée se cache le besoin de justifier la chute de l’Empire romain…
Les orgies, fruit d’une construction fantasmée du XIXesiècle
Les clichés sur l’orgie romaine se sont par la suite renforcés avec l’arrivée des chrétiens, qui y voyaient un excellent argument à lancer contre les païens et leurs pratiques dépravées. La pensée puritaine du XIXe siècle, qui valorise l’hygiénisme médical et la morale religieuse, ancrera ces clichés dans l’imaginaire collectif. Ils seront repris dans des péplums populaires qui se basent davantage sur des fantasmes que sur des faits historiques représentatifs d’une période ou d’une société.
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Texte partagé par Les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre