« L’éveil n’est pas une chose dont on puisse dire : celui-ci est éveillé, celui-là ne l’est pas, » disait un Précieux Lama en robe safran, au Ladakh ou en Bourgogne, un jour de printemps. Ce moine bouddhiste devait avoir de la merde dans son troisième œil. C’est du moins ce que j’ai cru. Mais une rencontre m’a fait changer d’avis. Il y a des éveillés qui manient admirablement l’art de la traque.

Lamaïsme vs Nagualisme

Pour ne pas reconnaître un éveillé, il faut être bien bouché. Dépourvu d’antennes, privé de voir, muré dans le mental. J’avais lu Castaneda, j’avais bien rigolé en lisant la parole de Juan Matus. Son apprenti Carlos Castaneda lui demande ce qu’il pense des Lamas. Les lamaïstes connaissent-ils l’éveil, eux qui ne cessent d’en parler ? La réponse de Matus ne se fait pas attendre : s’ils y connaissent quelque chose, ces gens-là cachent bien leur jeu. Matus a lu quelques-unes de leurs déclarations, ça lui est passé au-dessus de la tête et à côté du cœur.

J’étais en parfait accord avec la parole de Juan Matus, le benefactor de Castaneda. Impossible de ne pas reconnaître un éveillé. Si on n’y arrive pas, ça signifie qu’on n’a aucun voir. Un sensitif voit les auras. Il est aussitôt renseigné sur l’état d’éveil de la personne. L’aura d’un éveillé n’a que peu de rapport avec celle d’un endormi. Et quand, dans Voir ou dans Ixtlan, je tombe sur cette réplique de Juan Matus, je suis aux anges : « Ne me parle plus des Tibétains, dit-il à Carlos. S’ils y connaissaient quoi que ce soit, ils ne raconteraient pas tant d’âneries à propos de cette infinité là-dehors ». Un auteur qui pense comme moi, ça fait toujours plaisir.

Mais quand on est tout jeune et plein de respect pour la robe, on se dit « c’est moi qui déconne », et on croit l’homme orange sur parole. Nombreux sont les éveillés qui font ainsi confiance à ceux qui dorment encore. Je me disais que si certains lamas se sont éveillés, ils ont suivi l’exemple de Léonard de Vinci.

Je me suis réveillé pour voir que tous les autres dormaient encore. Alors je me suis rendormi. (Léonard de Vinci)

Éveil ou pas?

Et il y a eu cette rencontre. Quelqu’un de très brillant, très éveillé, que j’ai pris pour un endormi. J’ai eu tort, et je le prie de me pardonner. Je m’incline. Il m’a montré combien certains éveillés peuvent cacher leur jeu. Tel qui passe pour un imbécile est tout le contraire : le retour d’un prophète, le tulkou d’un grand lama, du Fils de l’Homme, de Rama lui-même ? Tout est possible. Y compris cette affirmation : « L’éveil n’est pas une chose dont on puisse dire : celui-ci est éveillé, celui-là ne l’est pas. »  L’éveil développe l’art de traquer à tel point qu’un éveillé bien entraîné peut faire gober ce qu’il veut. Même si on est clairvoyant.

Il n’empêche que Castaneda m’a fait connaître des faits et des comportements plus conformes à ma nature et à ma sensibilité. Le nagualisme nourrit l’âme et l’esprit, fortifie le corps, ouvre le cœur et les autres chakras, ce dont les Tibétains en exil se montrent bien incapables. Oublions-les donc pour évoquer l’éveil et ses sept niveaux. La tradition occidentale, à travers le tarot initiatique notamment, me nourrit l’âme bien davantage. Voici ce qu’elle nous enseigne.

Il y a sept degrés d’éveil décrits par les arcanes XVI La Maison DieuXVII L’ÉtoileXVIII La Lune,
XVIIII Le SoleilXX Le JugementXXI Le Monde et l’arcane Le Mat.
Trois degrés d’ouverture : à soi, aux autres, aux mondes invisibles
Quatre degrés d’ascension : se donner, se perdre, brûler, silence.

La triple ouverture

Voici l’éveil de l’ami Stef Kervor, strict observateur de la philosophie du nagual. Si d’aventure mes lecteurs revivent leur propre expérience, tant mieux.

1 – S’ouvrir à soi : La Maison Dieu

Kervor a fait une première sortie de corps à l’adolescence. Une sortie de corps consciente est la signature de l’éveil. Elle implique l’ouverture du chakra couronne. Stef Kervor était éveillé depuis un moment sans doute. Mais il n’en savait rien. La notion d’éveil lui était tout à fait étrangère. Il avait tout d’un éveillé, y compris l’aura, mais son comportement restait celui d’un gamin de 16 ans. Il passait son temps à courir les filles ou derrière un ballon. La spiritualité ? Quelle spiritualité ? Éveillé sans le savoir, il n’était qu’un bouddha idiot.

Voilà une caractéristique peu connue : l’éveil a plusieurs stades. Aux premiers stades, il y a de longs moments où un éveillé ne l’est pas. Rien n’est acquis, rien n’est stable, ni rien gravé dans le marbre : la vie, donc l’éveil, sont en perpétuel mouvement. Voilà ce que voulait dire l’homme étrange dans un déshabillé orange. (source)

Dès le premier stade de l’éveil, on est relié à l’infini, on peut quitter son corps en conscience. Mais on n’en a pas la maîtrise. Les sorties de corps arrivent sans crier gare. Pendant des années l’ami Stef n’y a pas prêté attention. Les sorties au ciné et les parties de foot l’intéressaient bien davantage.

S’ouvrir à soi, c’est aussi s’ouvrir au Soi. Première étape. Dans le tarot de Marseille, elle est l’arcane XVI, La Maison Dieu. Le Dieu intérieur enfin chez lui, dans ton corps. Jusqu’alors, il planait au-dessus de toi. Tu ne pouvais le rencontrer que dans tes rêves, en astral. Et là, patiemment, il te montrait ta route. Il te suggérait ta conduite. Il te faisait comprendre ce qui t’attendait, et où se trouvait l’intérêt supérieur.

Maintenant il est incarné. Le Dieu est dans la Maison de ton corps, de ton cœur, de ton esprit. Ton double a fusionné avec toi. Le moi et le soi marchent main dans la main, à charge pour le nouveau tandem de garder l’ego à distance raisonnable.

2 – S’ouvrir au monde : L’Étoile

Pourtant il savait que ses intuitions étaient justes. Dès cette époque, il a appris à comprendre sans réfléchir. Tout lui venait sans effort. Très vite, il pouvait répondre aux questions de ses profs sans avoir étudié le cours. Et quand un prof se prenait d’affection pour lui, il se jetait dans l’étude à corps perdu pour que l’estime du prof vienne renforcer ce lien précieux.

Malgré le peu d’intérêt qu’il y portait, l’état d’éveillé apporte de menus talents de société qui font l’affaire des copains. Quand un pote se blessait, Stef n’avait qu’à passer la main sur la peau déchirée pour qu’elle se recouse aussitôt, sans laisser de trace visible. En cas de brûlure, il ôtait le feu de la même façon.

Et personne ne s’en émouvaient. Les miracles sont le lot des adolescents, qui les acceptent de bon gré. C’est toujours ça de gagné, pas de quoi sauter de joie. Après un bref « merci » ils retournaient vaquer à leurs dadas. Seulement miracle ou pas, personne n’en parlait. Évoquer de telles choses devant les adultes, non vraiment ça ne leur serait pas venu à l’idée. Le miracle est une chose qui se vit. Si on en parle, ça devient une histoire. Une petite voix intérieure répétait à Kervor de fermer sa gueule.

Le deuxième degré de l’éveil voit affluer les premiers dons, les plus spectaculaires, comme le don de guérison, ou les dons d’hyper-sensibilité, de méta-perception. Transmission de pensée ou télépathie, tierce oreille ou claire-audience, troisième œil ou clairvoyance, etc.

S’ouvrir au monde, c’est ce qu’on voit sur l’arcane XVII du tarot, l’Étoile. Une jeune femme, pure et nue, verse son eau dans l’eau du Vivant. La vérité et la lumière qui l’habitent la rendent aussi pure que la nature. Aussi vraie. Aussi lumineuse. L’Étoile ne garde pas son éveil pour elle. Elle verse son eau, devenant pour les autres une nouvelle source de lumière et de vérité.

C’est le stade où le compagnon devient maître. Le stade où il réalise son chef d’œuvre que le Vivant respectera.

3 – S’ouvrir à l’invisible : La Lune

Plus tard, beaucoup plus tard, Stef Kervor s’est mis à voyager, en conscience, dans les mondes infinis de l’astral. Alors il a su qu’il était éveillé, et il a compris en même temps qu’il y a plusieurs degrés dans l’éveil. De même que personne n’est jamais complètement endormi, pas même le pire abruti, de même personne ne se maintient durablement dans la perfection  de l’éveil. Comme une chanson populaire, ça s’en va et ça revient. L’ami Stef a attendu l’âge de 40 ans pour faire ce qui se fait à 21 ans dans les sociétés traditionnelles : l’initiation aux petits mystères. Transe profonde, rebirth ou revécu de la naissance, de la vie intra-utérine et des vies antérieures. A partir de là, le plan astral est devenu son jardin.

Tout au moins, un certain astral. Car il y a énormément de plans dans l’astral. Dans chacun de ces plans, une infinité de mondes. Le monde de la lumière blanche, gwenwed pour les Celtes, est celui qui attire le plus de néophytes. On y trouve notamment les Hiérarchies, tout le barnum des anges, archanges, trônes, puissances et j’en passe, n’ayant aucun goût pour ce folklore judéo-islamo-chrétien.

Il y a tellement d’autres mondes, pourquoi se contenter de celui qui brille le plus fort ? D’autant que, comme on dit, tout ce qui brille n’est pas d’or.

Le troisième degré de l’éveil est l’apprentissage des multiples niveaux de l’astral, leur reconnaissance, leur exploration. Il correspond à l’arcane XVIII La Lune. À cette étape, les pouvoirs vont se révéler à l’éveillé. C’est une phase d’attente qui demande patience et observation, car les changements seront nombreux, et souvent imperceptibles. On les découvre quand un pouvoir inconnu semble surgir du néant, toujours à point nommé.

La quadruple ascension

4 – Se donner : Le Soleil

Deux ans plus tard, Kervor a commencé le travail passant. Comme lui, sans m’en rendre compte, j’étais devenu passeur d’hommes — le vrai titre est passant. On travaillait chacun dans notre coin, mais on avait la chance de se rencontrer autour de Jean-Claude Flornoy, notre benefactor commun. Dans le jargon du nagual, le benefactor est celui ou celle qui vous fait connaître l’autre monde, qui s’ouvre au cœur de celui-ci. Pendant une quinzaine d’années, Stef et moi avons fait passer des arcanes XIII à ceux qui en faisaient demande.

Le quatrième degré est le don de soi à une cause juste : la meilleure est celle qui a permis votre propre éveil. Ce processus de cinq jours que nous appelions l’arcane XIII visait à ce seul but, permettre l’éveil au premier degré. Pendant quinze ans, nous avons aidé l’éclosion de bouddhas. Parfois idiots, mais bouddhas quand même. À eux de se débarrasser de l’idiotie du néophyte. Ceux qui ont reçu l’éveil par la foudre ou par un court-jus, sans y être préparés, risquent fort de rester idiots jusqu’à la mort. Leur ego s’attribue les mérites de l’éveil, jamais ils n’admettront que c’est un don venu d’ailleurs, et qu’ils n’y sont pour rien.

L’arcane XVIIII (ou XIX) Le Soleil est à mon avis la plus sympa de tout le chemin du tarot. Elle fut un vrai régal de partage et de don gratuit. J’avais pris l’habitude d’emmener des néophytes dans des voyages magiques : ainsi faisait mon benefactor, je l’ai imité pour ça comme pour bien d’autres choses. Le voyage magique est l’occasion de faire quelques pas dans l’autre monde. Sur l’arcane, on voit deux jumeaux nus sous un grand soleil. C’est l’être et son double, enfin réunis. Quand le dieu qui veille sur nous devient notre dieu intérieur, on ressent une grande confiance. Etat délectable dont on souhaite qu’il dure toujours. Mais le jugement va nous remettre en question. Et croyez-moi, c’est utile !

5 – Se perdre : Le Jugement

À présent Kervor a raccroché. Moi aussi. Nous ne faisons plus cette initiation particulière qui s’appelle l’arcane XIII, ou les petits mystères d’Isis. Ce travail n’a plus de sens. Les choses se passent tout autrement, l’époque n’est plus la même. Les balbutiements des années 2000 sont devenus poèmes et symphonies. L’accouchement des âmes ne se fait plus dans la douleur. Chacun devient sa propre sage-femme. Une aide extérieure est superflue, voire gênante.

Se perdre, c’est devenir autre. Alors le corps de l’initié se met à changer. Dans la tradition chrétienne, ça correspond au moment où le/la mystique reçoit les saints stigmates. Dans la tradition du nagual, cette phase est décrite comme la perte de la forme humaine. Pour le mystique, son Dieu se fait grand sur lui. Jésus est appelé « mon époux » par la nonne en transe.

Contrairement à La Justice où l’on jugeait et condamnait les autres, ici, à l’arcane XX Le Jugement, on se juge soi-même. Et on se condamne, aussi, la plupart du temps. C’est beaucoup moins rigolo que les délires astraux du Soleil…

Pour l’apprenti sorcier, « cette immensité là dehors«  fait irruption dans sa conscience. Saisi du vertige de l’infini, il sent les caractéristiques humaines quitter progressivement son corps physique. Il devient autre. Non pas un animal, non pas un dieu ni un surhomme, non pas un démon ni un extra-terrestre, mais autre. Ailleurs et demain prennent la place de l’ici et maintenant. Les derniers liens ténus qui le reliaient encore à la matière se sont rompus. Où est-il ? Je vous dirais bien : « en astral », mais vous savez comme moi que cette réponse est juste une bonne blague.

En fait sa vie cesse de se dérouler. Point fixe. L’instant s’immobilise, seules ses facettes qui s’éclairent à tour de rôle donnent encore l’illusion d’une continuité. Mais il n’y a plus pour lui ni temps, ni espace. 

6 – Se trouver : Le Monde

Allumer le feu du dedans, c’est quitter ce bas-monde par ses propres moyens. Le guerrier du nagual se transforme en brasier, il brûle au sens propre. Il s’efface définitivement du plan matériel. C’est le rêve de Tchao Pantin.

Cette façon de quitter la matière ne doit pas être confondue avec un suicide. Au 19e siècle en Europe, de nombreux témoignages, et des rapports de gendarmerie font état de ces mystérieuses disparitions. Le scénario est toujours le même. Une personne seule disparaît sans laisser de trace.

Ou plutôt si, elle en laisse, c’est ce qui rend la chose troublante. Sur le carrelage de la cuisine, on constate la présence d’un rond calciné où ne se trouvent plus que quelques cendres, sans que rien d’autre dans la pièce ne porte la moindre trace de brûlure. Parfois, au bord du rond calciné, deux ou trois orteils incomplètement brûlés subsistent encore, montrant bien ce qui est arrivé à la personne disparue.

Il s’agit d’un sorcier ou d’une sorcière qui s’est arrêté de prolonger sa vie. Les guérisseurs les plus doués parviennent à se guérir eux-mêmes, ils se maintiennent en bonne santé malgré le grand âge jusqu’au jour où ils cessent de lutter contre une fin inéluctable. Ils choisissent le moment de leur départ, comme Juan Matus et Genaro.

Mais eux se sont envolés. Il est question d’allumer le feu du dedans dans les ouvrages de Castaneda, mais à ma connaissance, jamais ces disparitions par le feu n’y sont évoquées. Peut-être s’agit-il d’un incompris de Castaneda ? J’en ai repéré quelques-uns dans ses bouquins.

L’arcane XXI Le Monde représente en fait la dernière étape du chemin d’éveil. Celle qui vient ensuite, Le Fol ou Le Mat, n’a pas de numéro. Le Mat peut intervenir à n’importe quel moment sur la route. Il n’est plus de ce monde, comme vous le comprendrez au paragraphe suivant. Ce monde sur lequel règne l’être déjà détaché de la matière. Il a réalisé l’androgynie des dieux d’avant.

Les quatre êtres du Tétramorphe sont aux quatre coins de l’arcane. Ils représentent les quatre éléments, les quatre fondateurs. Le christianisme y a accolé les quatre évangélistes, mais il s’agit d’une récupération tardive. Le Tétramorphe puise sa source bien avant Jésus et les papes.

7 – Silence : Le Mat ou Le Fol

C’est le tout dernier stade. Intervient-il avant, ou après le départ définitif ? Personne ne peut le dire, ceux qui l’ont vécu ne sont pas revenus le raconter. Quelle importance ? Le silence est comme la neige. Il nivelle tout, embellit tout. C’est le grand rédempteur. Le silence intérieur est le meilleur moyen de percevoir la musique des sphères. Le long silence des tombeaux…

Vivons en attendant. Chantons et réjouissons-nous des merveilles dont nous sommes les témoins.

De nouvelles auras ont fait leur apparition. Indigo, cristal, arc-en-ciel… Des enfants merveilleux sont livrés à eux-mêmes, ils tuent et meurent comme s’ils étaient virtuels –peut-être le sont-ils. Des enfants chantent, leur rire est mon chariot magique, le vaisseau-mère qui vient m’emporter loin de cette terre d’exil.  Nautonier d’airain sur sa barque noire, l’archange Michel ou un autre psychopompe muet nous fera passer le Jourdain, ou franchir le Styx. Là est la vie, l’amour, toute lumière et tout bien.

Le Mat peut intervenir à n’importe quel moment sur la route. Il n’est plus de ce mondeMon benefactor disait qu’il est le Bateleur d’un nouveau cycle, sur lequel nous n’avons que des spéculations. L’image montre un fou revenu de tout qui chemine à travers ce monde sur lequel il ne règne déjà plus. Il a réalisé toutes les étapes du chemin de Compostelle. Il est devenu la voûte étoilée, symbole de l’infini qui l’habite.

Il a vaincu la peur, la clarté, les pouvoirs  Et le dernier ennemi du guerrierla vieillesse, lui laisse quelque répit. Alors il marche. Son petit baluchon sur le dos représente le peu d’attachement qu’il a pour les biens matériels. Il l’accroche non pas à un bâton, mais à une grande cuillère en bois, en bon Français. Car celui qui sait cuisiner peut aller partout, il sera toujours reçu avec plaisir… et gourmandise!

Tchao Pantin

Il ne ferme aucune porte. Sans doute d’autres arcanes existent après le Mat. Il y a sûrement plus de sept degrés d’éveil. Tchao Pantin parle de ce qu’il sait, de ce qu’il a vécu, vu, traversé pendant les soixante-quinze années de son existence.

Il ne sait pas s’il a atteint le septième degré d’illumination, le Mat. C’est pour les êtres exceptionnels. Il n’en fait pas partie. La porte de l’autre monde s’est déjà ouverte pour lui, lui ont dit plusieurs voyants : il serait, selon eux, un Mat de naissance. Croire sans y croire. Il écoute d’une oreille et ça ressort par l’autre. Ces visionnaires peuvent bien dire ce qu’ils veulent. Tchao Pantin n’est pas la personne dont ils parlent.

Quelqu’un qui a toujours des talents de guérison, de double vue, d’ubiquité, de bilocation, de décorporation — pour n’en nommer que quelques-uns. Pour lui, ça n’a pas d’importance. Regardez Tchao Pantin, comme il est tranquille. Et sans se faire de peine de rien, il va son train.

Je marche sur le chemin qui n’est plus le chemin mais la marche. (Issa Joe Ouakam)

Tchao Pantin part sur le bleu des routes astrales, sans même un baluchon. Sa vie l’a conduit à des endroits perdus. Pas si perdus, puisqu’il les a trouvés. Ils ne sont plus les beaux jours de l’amitié. Le béton a mangé la jungle et le bush de sa jeunesse. Ce monde a rétréci autour de lui.

Il n’y a personne là-haut qui tire les ficelles du pantin que tu es. (Friedrich Nietzsche)

Pour son premier vol, à 22 ans, il se rend en Chine. De Paris-Orly à Hong Kong, vol de 28 heures avec escale à Rome, Dubaï, Bangkok et Phnom Penh. Puis, pendant plus d’une décennie, il a parcouru un monde encore sauvage. Le monde a trop changé. Il ne bouge plus de chez lui en Bretagne. En terre celte, son paradis terrestre. Pourquoi aller ailleurs? Le monde entier lui rend visite.

Il voyage encore en astral. Il a tellement de souvenirs que ses rêves le ravissent plus que le tourisme. Il observe ses frères et sœurs humains sans les comprendre. Il regarde les nouveau-nés, il s’émerveille. S’il est encore au monde, il n’est plus du monde. Il a fait trois pas de l’autre côté. Que chercher d’autre? Que peut-il vouloir de plus?

ἕν οἶδα ὅτι οὐδὲν οἶδα

« Je ne sais qu’une seule chose, c’est que je ne sais rien »

Cette maxime, Platon l’attribue au philosophe grec Socrate. On la trouve dans l’apologie de Socrate (21d), dans le Ménon (80d 1-3) et dans l’Hippias mineur (372b-372d).

Toute réalité existe dans l’esprit. Le phénomène externe, ce qui apparaît, n’est que son expression extérieure. L’univers visible est le reflet de l’invisible. (Platon)

Source:https://eden-saga.com/leveil-et-apres-2.html


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Texte partagé par les Les Nouvelles Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre