Être dans un état de « flux » (« flow »), d’« expérience optimale » ou dans « la zone », consiste à être dans un état mental de grande concentration dans lequel une productivité créative survient facilement.

Le concept d’état de flux a été introduit par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi qui l’a défini comme étant un état de concentration énergique, de pleine implication et de plaisir.

John Kounios et David Rosen de l’Université Drexel (États-Unis) ont, avec leurs collègues (1), mené une étude afin de tester les deux principales théories sur les processus cérébraux et cognitifs qui sous-tendent cet état. Leurs travaux sont publiés dans le numéro d’avril 2024 de la revue Neuropsychologia.Deux théories pour expliquer l’état de flux

  • L’hyperfocalisationSelon cette théorie, l’état de flux pourrait être un état de grande concentration (hyperfocalisation) qui élimine les pensées inutiles et autres distractions afin de permettre une performance supérieure dans une activité. Plus spécifiquement, une théorie connexe, fondée sur des recherches récentes en neurosciences de la créativité, veut que l’état de flux se produise lorsque le « réseau du mode par défaut », un ensemble de zones cérébrales interconnectées qui sont activées lorsqu’une personne rêvasse ou s’introspecte, génère des idées sous la supervision du « réseau de contrôle exécutif » (situé dans les lobes frontaux) qui dirige le type d’idées produites par le réseau du mode par défaut. M. Kounios compare cela à une personne qui « supervise » un téléviseur en choisissant le film qu’il diffuse.
  • L’expertise et le lâcher-priseUne autre théorie veut que, après des années de pratique intense, le cerveau développe un réseau ou un circuit spécialisé pour produire automatiquement un type spécifique d’idées avec peu d’effort conscient. Selon cette théorie, le réseau de contrôle exécutif relâche sa supervision afin que la personne puisse « lâcher prise » et permettre à ce circuit spécialisé de fonctionner en « pilote automatique » sans interférence. La clé de cette notion est l’idée que les personnes qui n’ont pas une grande expérience d’une activité ou qui ont des difficultés à relâcher le contrôle seront moins susceptibles de faire l’expérience d’un flux créatif profond.
Les chercheurs ont mené cette étude avec 32 guitaristes de jazz dont certains étaient très expérimentés et d’autres moins. Chaque musicien a improvisé sur six morceaux de jazz avec un accompagnement programmé de batterie, de basse et de piano, et a évalué l’intensité de son expérience de flux pour chaque improvisation. Quatre experts en jazz ont évalué la créativité et d’autres qualités de leurs improvisations.Lors des improvisations, des électroencéphalogrammes (EEG) étaient enregistrés afin de déterminer les zones du cerveau associées aux improvisations ayant un score élevé de créativité comparativement à celles jugées moins créatives.

Les musiciens très expérimentés ont ressenti un état de flux beaucoup plus souvent et plus intensément que les musiciens peu expérimentés, ce qui montre que l’expertise favorise le flux. Mais elle n’est pas le seul facteur contribuant au flux créatif.

L’analyse des EEG montre que l’état de flux implique deux facteurs clés : une grande expérience, qui conduit à un réseau de zones cérébrales spécialisées, et le relâchement du contrôle (le « lâcher-prise ») qui permet à ce réseau de travailler avec peu ou pas de supervision consciente.

Les EEG ont montré qu’un état de flux élevé était associé à une activité accrue dans les zones auditives et tactiles de l’hémisphère gauche qui sont impliquées dans l’écoute et l’interprétation de la musique. Cet état était également associé à une diminution de l’activité dans les gyri frontaux supérieurs du cerveau, une région du contrôle exécutif.

Les EEG ont aussi montré une activité réduite dans certaines parties du réseau du mode par défaut, ce qui suggère que celui-ci ne contribue pas beaucoup à la génération d’idées créatives.

« Une implication pratique de ces résultats est que les états de flux productifs peuvent être atteints par la pratique afin d’acquérir une expertise dans un domaine créatif particulier, couplée à un entraînement à diminuer le contrôle conscient lorsque l’on a atteint une expertise suffisante », estime Kounios. « Cela peut servir de base à de nouvelles techniques pour l’entraînement à la production d’idées créatives. »

Une étude menée avec des rappeurs, publiée en 2012, avait montré des résultats similaires.

Source:https://www.psychomedia.qc.ca/psychologie/2024-03-11/flux-creatif-processus-cognitifs-cerebraux


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Texte partagé par Les Chroniques d'Arcturius - Au service de la Nouvelle Terre